Comme l'a rappelé hier la revue Reiso(1), l'Office fédéral de la santé publique (OFSP)(2) a ajouté le 5 août dernier les femmes enceintes sur la liste des personnes vulnérables face au Covid-19. Un ajout qu'avaient déjà réclamé des spécialistes de hautes-écoles début mai dans un article paru dans la revue d'information sociale, intitulé "Les travailleuses enceintes sont sous-protégées".
Les précisions des gynécologues et obstétriciens
La Société suisse de gynécologie et d'obstétrique suisse (SSGO) dans sa Lettre d’experts du 5 août(3) a pour sa part précisé que: "(...) des études récentes portant sur un plus grand nombre de patientes remettent en question ces premières hypothèses (réd. qui avaient considéré les femmes enceintes comme n'étant pas à risque), surtout au 3e trimestre de la grossesse.} Les données sur l’impact de l’infection au 1er et 2e trimestre sont encore limitées. Selon le CDC américain et d’autres études dans le domaine, les femmes enceintes pourraient avoir un risque augmenté d’une maladie COVID-19 sévère, d’être admises en soins intensifs et d’avoir un accouchement prématuré. Au niveau fœtal, des lésions placentaires et une transmission verticale sont possibles."
Risque pour les femmes encore inconnu
Dans une information aux femmes concernées, publiée le 12 août sur le site de la SSGO(4), les spécialistes font les constats et recommandations suivantes:
- "On ne sait pas à l’heure actuelle si une femme enceinte a plus de risque d’être infectée qu’une femme non-enceinte. Par contre, de nouvelles études montrent qu’en cas d’infection, le risque d’évolution sévère nécessitant une hospitalisation semble plus important que pour la population générale du même âge. En cas d’infection sévère, les médecins sont parfois amenés à faire accoucher la patiente (parfois prématurément) pour permettre une amélioration de la respiration de la mère et la santé de l’enfant. Par principe de précaution, les femmes enceintes sont donc à considérer comme des personnes vulnérables au COVID-19."
Les risques pour le bébé avant la naissance
Comme l'indique la SSGO, "il y a très peu de données sur l’impact d’une infection en début de grossesse. Jusqu’à maintenant, il n’a pas été observé de malformation due au virus, malgré des cas d’infections prouvées du bébé dans le ventre de la maman. Le placenta peut rarement être infecté par le virus et subir des lésions qui peuvent diminuer la croissance du bébé avant la naissance."
La SSGO rappelle aussi(3) à l'intention des travailleuses et des employeurs que:
- "Des dispositions de protection sociales et professionnelles particulières doivent être prises pour éviter une infection maternelle. L’employeur est responsable d’assurer la sécurité de la travailleuse enceinte. Le télé-travail est recommandé dans la mesure du possible. Les dispositions générales de protection de la maternité (notamment l’Ordonnance sur la Protection de la Maternité, OProMa) offrent un cadre de protection spécifique aux femmes enceintes. Dans ce contexte, le gynécologue / médecin traitant joue un rôle déterminant dans le contrôle de l’efficacité des mesures de protection. Il peut ainsi apprécier si une présomption de dangers au sens de l’Ordonnance sur la protection de la maternité justifie une restriction d’affectation aux tâches concernées (certificat d’inaptitude)."
EW
Sources:
(1) Revue REISO, 12.08.2020,
(2) OFSP - COVID-19 et grossesse, 05.08.2020,
(3) Société suisse de gynécologie et d'obstétrique, 05.08.2020
(4) Information aux patientes, SSSG, 12.08.2020