Depuis 2008, on sait qu'une personne séropositive ne souffrant d’aucune autre infection sexuellement transmissible et sous traitement antirétroviral efficace et suivi strictement, ne transmet pas le virus lors de contacts sexuels non protégés. A condition que sa charge virale – c'est à dire la possibilité que le virus se réplique dans leur organisme – soit indétectable depuis 6 mois au moins. Les antirétroviraux rendent en effet le virus indétectable tant dans le sang que dans les muqueuses et les liquides physiologiques, si bien qu'il devient intransmissible.
Les personnes atteintes du VIH doivent donc se soumettre à des tests réguliers mesurant cette charge virale. Or, un des tests utilisés en Suisse présente une défaillance pouvant aboutir à un résultat faussement négatif. Une clinique Zurichoise a ainsi récemment observé un tel faux négatif obtenu avec un test pourtant certifié, le CE Xpert HIV-1 Viral Load de marque Cepheid, rapporte l'Office fédéral de la santé publique dans son Bulletin 38/19.
Comme l'explique l'OFSP: "Il est apparu, lors de l’utilisation de ces tests, que des résultats sous-estimés voire faussement négatifs ne pouvaient pas être totalement exclus, même s’ils étaient rares. Cette situation s’explique principalement par la possibilité que les séquences d’ADN du virus analysées lors du test aient subi des délétions."
Premier cas en Suisse
Il s’agit du premier cas en Suisse où des problèmes avec ce test ont été documentés. À l’étranger, les rapports se multiplient sur des cas similaires, qui ont été signalés au fabricant Cepheid et à une autorité, tout en restant peu nombreux dans l'ensemble. Le fabricant lui-même mentionne d'ailleurs explicitement depuis juillet 2018 déjà sur la notice d’emballage de son test que "des mutations dans la région ciblée du PCR peuvent conduire à des sous-estimations voire à des résultats négatifs malgré la présence du virus." Et il travaille actuellement sur une nouvelle version du test qui ciblera deux séquences.
Comme le rappelle l'OFSP: "Une diligence particulière est donc recommandée lors de l’emploi de tests dont la notice d’emballage spécifie qu’ils peuvent mesurer une valeur trop basse voire faussement négative pour la charge virale. Il en va de même pour les tests nouvellement arrivés sur le marché et pour lesquels il n’existe encore aucune valeur empirique de comparaison. "
Dans le doute, vérifier la virémie
L’Etude suisse de cohorte VIH (SHCS) ne considère pour sa part pas la version de ce test de Cepheid actuellement sur le marché comme appropriée pour mesurer la charge virale. Interrogée à ce propos, la Professeur Alexandra Calmy, membre du conseil scientifique de la SHCS et responsable de la consultation VIH/sida aux HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève) confirme que "la SHCS n'utilise pas ce test et que tous les tests utilisés en Suisse sont fiables. Le cas qui a été signalé soulève juste un point, à savoir de vérifier au moins une fois la virémie en cas de doute", conclut-elle.
Sources: Bulletin OFSP 38/19, Recommandation de la SHCS du 5 sept. 2019
E.W.