Le virus présent dans les sécrétions respiratoires peut donc se transmettre par des baisers (de bouche à bouche, ou sur la peau) donnés "par" ou "à" un·e partenaire infecté·e ou par des caresses manuelles. Même les simples gestes de tendresse doivent donc être réfléchis – des réflexes certes pas simples à acquérir.
Entre peurs et bon sens
Parmi les nombreuses questions du public sur les risque de transmission du COVID-19, celle sur le risque de contamination lors de relations sexuelles est moins mise en évidence, et plus rare. Peut-être parce qu'elle participe du simple bon sens.
Mais lorsqu'un certain nombre de personnes dans la population cède à la peur, voire à la panique, il est bon de rappeler même les évidences: étant donné que le virus se transmet par les gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche, embrasser ou être embrassé sur la bouche par une personne porteuse du virus constitue un fort risque d'infection, tout comme l'échange de caresses, les mains étant un autre vecteur de transmission. Et cela peut arriver aussi lors de rapports sexuels, lorsque les baisers ou caresses sont prodigués sur la peau – car la personne ainsi embrassée ou caressée risque de toucher la zone de son corps à cet endroit et de mettre la main à la bouche – l'un des gestes fréquemment responsables de la transmission du coronavirus. Quant aux relations sexuelles occasionnelles, avec des partenaires inconnu-e-s, il est fortement recommandé de les éviter en ces temps de pandémie.
Pas une infection sexuellement transmissible
Cela dit, le COVID-19 n'est pas une infection sexuellement transmissible (IST). Celles-ci se transmettent en effet principalement lors de relations sexuelles sans préservatif, notamment: lors de pénétrations vaginale et anale, de fellations, de caresses ou masturbation sexe contre sexe, ou de caresses buccogénitales (cunnilingus) ou bucco-anales. Le simple contact entre muqueuses génitales et/ou buccales peut également transmettre une IST. Une autre voie de contamination étant la transfusion sanguine.
N'oublions pas de nous protéger contre les IST
Malgré les connaissances approfondies de ces maladies et les messages et mesures de prévention, chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une infection sexuellement transmissible (IST). On est loin des statistiques du COVID-19, même si elles vont en croissant.
A ce jour, une trentaine de virus, parasites ou bactéries sexuellement transmissibles sont connus, et huit de ces agents pathogènes sont les responsables principaux d'IST.
Quatre d'entre elles peuvent être guéries:
- la chlamydiose,
- la trichomonase,
- la gonorrhée,
- la syphilis.
Quatre autres constituent des infections incurables:
- l'hépatite B,
- l'herpès (HSV),
- le VIH (sida),
- le papillomavirus humain (HPV).}
Conséquences graves sur la santé
Comme le rappelle l'organisation mondiale de la santé (OMS), les infections sexuellement transmissibles peuvent avoir de graves conséquences à plusieurs niveaux et touchent un grand nombre de personnes, avec de nombreuses nouvelles infections.
Voici quelques statistiques données par l'OMS, bon à rappeler:
"• On estime que, chaque année, 357 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes : chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonase.
• Plus de 500 millions de personnes sont atteintes du virus responsable de l’herpès génital (HSV2).
• Plus de 290 millions de femmes souffrent d’une infection à papillomavirus humain (VPH).
• Dans la majorité des cas, les infections sexuellement transmissibles sont asymptomatiques ou s’accompagnent de symptômes bénins qui ne sont pas reconnus comme ceux d’une IST.
• Les infections comme l’herpès génital (HSV de type 2) et la syphilis augmentent le risque de contracter le VIH.
• Plus de 900 000 femmes enceintes ont été infectées par la syphilis en 2012 ce qui a provoqué des complications dans 350 000 cas pouvant aller jusqu’à des mortnaissances.
• Dans certains cas, les IST peuvent avoir de graves conséquences sur la santé reproductive allant au-delà des conséquences immédiates, telles que la stérilité, ou la transmission des infections de la mère à l’enfant."
De terribles chiffres, sachant que dans la plupart des cas on peut éviter ces contaminations, en ayant des rapports sexuels protégés avec des partenaires dont on ignore l'état de santé, en étant vacciné contre les deux infections non curables pour lesquelles on dispose de vaccins: l’hépatite B (incurable) et l’infection à VPH.
Comme le rappelle l'OMS, "le vaccin contre l’hépatite B figure dans les programmes de vaccination du nourrisson de 93% des pays. Il a déjà permis d’éviter quelque 1,3 million de décès imputables à une maladie chronique du foie ou au cancer."
Manque de moyens pour l'éducation sexuelle et la prévention des IST, tabous, manque d'informations, dépistage lacunaire, vaccinations insuffisantes, ignorance de l'état de santé du partenaire - à qui on n'ose pas demander s'il est porteur d'une IST - sont quelques unes des raisons de cet état de fait.
Pour en savoir plus, consultez le site de l'OMS consacré aux infections sexuellement transmissibles, et renseignez-vous auprès de votre médecin traitant et/ou – pour les jeunes filles et femmes – de votre gynécologue.
Ellen Weigand
Sources: site de l'OFSP, site de l'OMS.
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