Le Sexo-abécédaire T - V
Comme tous les articles et textes de ce site, le contenu de cette rubrique est protégé par le droit d'auteur et ne peut être reproduit sans l'autorisation expresse de l'auteure (demande par écrit à #jrvtnaq$znfrkhnyvgr.pu).
© Ellen Weigand, www.masexualité.ch
... comme vulve
La vulve reste une partie de l'anatomie intime féminine encore largement méconnue, et tabou, un objet de domination masculine aussi pour certains, qualifiant le sexe féminin de sale, impudique, impur, méprisable, etc. mais aussi un nouvel enjeu économique, avec le développement rapide des chirurgies intimes, que des médecins peu scrupuleux n'hésitent pas à proposer même aux adolescentes, et donc des dérives et risques de mutilations irréversibles aussi!
Cela à tel point que des chercheurs suisses ont réalisé une étude (à lire sous Actualités), consistant à mesurer les détails de l’anatomie génitale de 657 femmes pour démontrer scientifiquement ce qu'on sait pourtant, mais que les chirurgiens et magazines veulent nous faire oublier: la vulve normale n'existe pas!
Découvrez l'éthymologie du mot dans notre culture et ailleurs, l'anatomie de la vulve, ainsi que des livres sur le sujet, des artistes ayant représenté la vulve et des actualités.}
ANATOMIE
La vulve est constituée:
- des lèvres externes, qui vont, de haut en bas, de la commissure antérieure à la commissure postérieure;
- des lèvres internes qui se terminent sur leur fourchette (en bas);
- du clitoris avec son capuchon;
- de l'orifice de l’urètre (le méat urinaire);
- de l'orifice d'entrée du vagin.
La zone pileuse au-dessus de la vulve s'appelle le mont de Vénus, qu'on appelle aussi par simplification le pubis, qui désigne la pièce osseuse composée de deux os qui constituent la partie antérieure et inférieure de l'os iliaque, du bassin.
En dessous de la vulve se trouvent le périnée, puis l'anus. Certains incluent le périnée dans la description de la vulve.
Les vulves sont de diverses couleurs et formes, les organes génitaux de chaque femme étant uniques, tout comme leurs mains, leurs pieds ou leur visage.
Des petites lèvres aux lèvres internes...
Alors que dans le langage courant on parle de «grandes lèvres» (labia majora en latin, litt. les «lèvres principales») et de "petites lèvres", l'appellation, plus récente et plus juste est celle de "lèvres externes" et "internes". Cela, sachant qu'un certain nombre de femmes ont de "petites lèvres" plus grandes que les lèvres principales, dès lors dénommées «grandes» à tort.
C'est aussi cette dénomination qui contribue au "complexe" d'un certain de nombre de femmes au sujet de leur anatomie intime, dont les lèvres internes sont justement plus grandes que les externes.
Par ignorance, elles se sentent "anormales", voire difformes et donc repoussantes pour leur partenaire, ce que certains médecins peu scrupuleux exploitent, d'où une tendance croissante au recours à la chirurgie esthétique intime (lire ci-dessous).
Testez-vos connaissances sur la vulve
Sur ce site français, vous pouvez tester vos connaissances anatomiques de la vulve en direct: www.biologieenflash.net/
ETHYMOLOGIE
Cachez cette vulve...
Le mot «vulve», du latin médiéval "volva" ou "vulva", "utérus, parties génitales femelles", au sens littéral "enveloppe" pour couvrir, envelopper, probablement du latin "volvere" (tourner, retourner, tordre, rouler) est peu utilisé dans le langage courant.
Comme s'il s'agissait d'un mot obscène, tabou. Qui se reflète d'ailleurs dans ses origines, dont cet autre terme latin, "pudendum femininum" qui désigne les organes génitaux femelles externes, "pudendum" signifiant "les parties honteuses" en latin, ou "ce que la décence interdit de montrer".
Énormément de cultures ont ainsi décrit la vulve comme quelque chose de honteux, à cacher. A l'exception de la culture hindoue, qui la célèbre comme origine de la vie, et a utilisé le terme sanskrit de "Yoni" qui comprend de nombreuses significations dont "la fontaine de vie, l'origine, le temple sacré", etc.
Et c'est ainsi que, de nos jours encore, il est tabou de montrer et représenter les organes génitaux féminins extérieurs. N'avez-vous jamais vu une statue de femme nue avec ses poils pubiens, son clitoris et autres lèvres sans qu'elle ne soit qualifiée d'obscène, ou du moins comme provocation?
Argot et vulgarités au lieu du nom scientifique
Alors qu'on appelle un chat un chat, et un pénis un pénis, on préfère ainsi souvent utiliser des mots plus "simples", bien qu'à connotation sexuelle, voire à la consonance vulgaire tels "chatte" ou "foufoune", pour n'en citer que deux, parmi les innombrables termes d'argot existants, au lieu du mot scientifique de vulve qui désigne les organes génitaux externes du corps féminin.
Pourtant, vulve, c'est un mot à la consonance toute en rondeur et douceur, à l'instar des formes du sexe féminin.
AU 21E SIECLE, LA SOCIETE "SCULPTE" LA VULVE
La labioplastie ou nymphoplastie – nouvelle forme de "mutilation génitale"
Alors que pendant de longues périodes de notre histoire, et aujourd'hui encore, on a dicté aux femmes ce qu'elles devaient cacher de leur anatomie, aujourd'hui on leur explique à quoi cette dernière devrait ressembler...
La chirurgie des "petites" lèvres soi-disant "trop" grandes – mais qu'est-ce que la "normalité"? (lire ci-dessous) – est ainsi devenue un marché lucratif pour un certain nombre de médecins. Qui proposent aussi des chirurgies du pubis, des grandes lèvres, voire du périnée et même du clitoris (!).
Des interventions à but purement esthétique, sauf dans de rares cas où elles ont une indication médicale (inconfort physique ou sexuel, conséquence de certaines maladies et malformations – spina bifida, etc.).
On ignore dans quelle mesure les femmes qui en bénéficient ont vraiment une meilleure image d'elles-mêmes et une vie sexuelle plus épanouïe après, comme le promettent certains chirurgiens sur leurs sites.
Course à la perfection
Comme l'a écrit la blogueuse et sexothérapeute française Alexia Bacouël sur Le Plus du Nouvel Obs:
"L’engouement pour la chirurgie intime est grandissant. On compte trois types d’interventions visant à embellir les parties génitales. Il y a la nymphoplastie qui consiste à réduire les petites lèvres, la vaginoplastie qui consiste à renforcer les muscles du périnée afin de diminuer le diamètre de l’orifice vaginal et la "monsplastie" qui consiste à rectifier le pubis.
Inspiré par la pornographie et les magazines féminins
(...) Le sexe glabre, parfaitement dessiné, est une image provenant de la pornographie, et je crois aussi que l’idéalisation de certaines stars telle que Beyonce et autres, réussit à influencer l’imaginaire du corps parfait. Mais les magazines féminins et leurs diktats de "beauté à tout prix" ont aussi leur part de responsabilité dans cette course à la perfection."
A noter enfin que certains proposent encore une autre intervention, la réduction du capuchon clitoridien (la peau recouvrant le clitoris).
Recherche : non, la vulve « normale » n’existe pas !
08/07/2018 – C’est à l’Hôpital cantonal de Lucerne (CH) qu’a été menée la plus large étude de vulves du monde. Entre août 2015 et avril 2017, une équipe de cinq médecins a mesuré les détails de l’anatomie génitale de 657 femmes. Leurs résultats, démontrant ce dont on se doutait, viennent de paraître. En espérant que cela mettra un frein au marché de la chirurgie "esthétique" des vulves, avec des interventions fréquentes sur de très jeunes filles.
Les conclusions des chercheurs, publiées dans le journal Obstetrics & Gynaecology (1), sont sans appel: la vulve "normale" n'existe pas. L'étude menée sous la direction du Pr Andreas Günthert à l’Hôpital cantonal de Lucerne, en Suisse, incluant 657 femmes caucasiennes âgées de 15 à 84 ans, a démontré l'impossibilité de fixer une norme quelconque.
Lire la suite
"LA CHAIR INTERDITE"
Et pour terminer, voilà ce qu'en dit Diane Ducret, dans son livre "La chair interdite", qui retrace l'histoire du sexe féminin et la façon dont il a été considéré et traité au cours des millénaires: sâle, impudique, brimé, méprisé et toujours contrôlé et surveillé:
"Les femmes «ordinaires» n’ont jamais vu nulle part représenter «honnêtement» cette partie émergée des nymphes. Pas plus quelles n’ont vu celles de leurs copines. Il y a celles qui s’en accommodent. D’autres s’inquiètent de ces «peaux qui dépassent», se sentent atteintes de malformation et s’en trouvent désemparées.
Le nombre de ces phobiques s’est considérablement accru, par l’arrivée des raseuses intégrales. Un médecin honnête est là pour rassurer celles qui l’interrogent sur cette saillie incongrue. Il y en a d’autres, que je n’hésite pas à traiter de félons, traîtres à ma belle profession, qui vont leur proposer leurs services. Labioplastie, s’appelle désormais la mutilation de cette partie des petites lèvres qui sort des grandes.
Une exaction sans motif honorable, mais rentable. Les «conformateurs» se présentent comme des bienfaiteurs de femmes en détresse. L’un d’entre eux n’a pas hésité à mettre en ligne une amputation de petites lèvres, pour se faire de la réclame."
Extrait du livre "La chair interdite" de Diane Ducrey, 2014, Ed. Albin Michel
Evènements autour de la vulve
Les Rencontre vulviques: pour le droit des femmes
03/03/2019 – Les Rencontres vulviques sont une initiative de femmes de la région de Châteaubriant (F) dans le cadre de la Journée internationale des femmes.
Les rencontres commencent le jeudi 7 mars, à 20h avec un atelier participatif «dessine ta vulve» à La Charrue. Ces dessins participeront à l’exposition «VULVES » dont le vernissage aura lieu le vendredi 8 mars. Nina Faustine, Anne Sterkendries, Luje, Bobar, Dana Grenade, graphistes, artistes plasticiennes, y exposent leurs visions personnelles et respectives.
Source et informations: actu44.fr
CentreFold Project - l'information aux adolescentes
Face à la tendance accrue, notamment chez les adolescentes, de vouloir recourir à la chirurgie intime, est né en Grande-Bretagne le The CentreFoldProject, destiné à informer sur les pour et les contre de telles interventions, notamment à l'aide d'une vidéo, relatant l'histoire de trois femmes différentes qui y ont eu recours.
Un film primé notamment comme meilleur film d'animation Scinema, au Festival des films de science (Festival of Science Film), en Australie en juillet 2012.
Une autre vidéo donne la parole à des médecins et psychologues au sujet de ces pratiques. Seul B-mol, les films ne sont encore qu'en anglais.
Le maquillage pour vulves, ou comment on continue à soumettre la femme!
31/07/2017 – Tabou pendant longtemps, voilà que la vulve fait l'objet de toutes les convoitises... commerciales! S'il vous plaît Mesdames, de tous âges, ne cédez pas à ce si triste, ridicule marketing qui n'a rien à faire avec la sensualité, la tendresse, l'érotisme.
Car il s'agit en réalité d'une volonté de soumission insupportable et inacceptable! Lire
"La vulve, cette mal-aimée…" par Charlotte Tourmente
15/04/2017 - "Trois femmes ont accepté de participer à un projet atypique : un photographe a immortalisé leur vulve, une zone du corps encore taboue et souvent mal-aimée. La photo a ensuite été montrée aux femmes ; leurs réactions émouvantes témoignent de leur méconnaissance de cette partie du corps et de leurs difficultés à l'accepter telle qu'elle est. L'hommage très touchant de leurs partenaires les aidera sans nul doute à le faire. La vidéo, en anglais, peut inciter les femmes à changer leur vision de la partie externe du sexe féminin. Elle est composée des nymphes (les petites et grandes lèvres), du clitoris et de l'entrée du vagin..."
C'est le début de l'excellent article du Dr Charlotte Tourmente sur le tabou qui entoure encore et toujours la vulve, menant de nombreuses femmes à se soumettre à des interventions chirurgicales pour faire "sculpter" leur vulve à l'image de ce que montre le porno...
Et voici la vidéo dont elle parle, en anglais, mais parlante aussi ne serait-ce que par les images.
Lire l'article sur le blog du Dr Tourmente
Une vulve "parfaite" ou comment la tyrannie du porno complexe les femmes
18/12/2015 - A force de voir des sexes féminins glabres, aux formes parfaites, avec petites et grandes lèvres "esthétiques" (mais de quelle perfection et esthétique parle-t-on...?), de nombreuses femmes font des complexes sur leur vulve, ne correspondant pas aux "standards" dictés par les films pornographiques.
Lisez l'excellente enquête de Muriel Risse sur www.femina.ch
LA VULVE DANS L'ART
Hilde Atalanta, l'artiste au service de la diversité des vulves
18/02/2019 – Interpellée par la multiplication des labiaplasties – ces opérations chirurgicales visant à réduire les petites lèvres du sexe féminin – l'illustratrice hollandaise Hilde Atalanta a décidé de mettre son art au service de la diversité des vulves.
Elle a ainsi dessiné et posté sur Instagram plus de 1000 vulves pour montrer leur diversité, peu expliquée et représentée dans les manuels d’éducation sexuelle.
ARTE a réalisé un reportage sur son travail, qui n'a laissé personne indifférent à voir les commentaires...
Source: ARTE/YouTube
"Le Grand Mur des Vagins" – parce que chaque vulve est unique
Les vulves sont de couleurs et formes multiples. Chacune est unique, comme un visage, mais beaucoup de femmes l'ignorent.
Pour en rendre compte, et enlever les complexes que nourrissent un certain nombre de femmes quant à l'aspect de leur vulve, l'artiste britannique Jamie McCartney a créé une œuvre unique:
"The great wall of vaginas", constitué des moulages de 400 vulves de femmes entre 18 et 76 ans, incluant des mères et des filles, des jumelles, des hommes et femmes transgenres, des femmes avant et après accouchement ou encore avant et après une labioplastie (ou labiaplastie = chirurgie des grandes ou petites lèvres) ou nymphoplastie.
Contre la chirurgie esthétique intime à tout va
"Pour beaucoup de femmes, leur apparence génitale est une source d'anxiété et j'étais dans la position unique de pouvoir faire quelque chose à ce sujet", explique l'artiste, un homme contrairement à ce que son prénom pourrait laisser croire.
Jamie McCartney, qui a su mettre les femmes en confiance, espère ainsi aider à combattre la tendance croissante de ces dernières années des interventions de chirurgie esthétiques génitales, les nymphoplasties notamment, par lesquelles les chirurgiens promettent de créer des vulves "parfaites". Des interventions inutiles qui risquent de devenir un standard pour les générations futures de femmes.
Puisse son vœu être entendu!
Plus d'infos sur: www.greatwallofvagina.co.uk
L'Origine du monde de Courbet - aimé et décrié
Un mot encore de la vulve dans l'art.
L'œuvre certes la plus connue est L'Origine du Monde, le tableau grandeur nature de Gustave Courbet, peint par l'artiste en 1866, et qu'on peut admirer, et sans cache aujourd'hui, comme ce fut le cas ailleurs, dans une salle qui lui est réservée au Musée d'Orsay, depuis 1995.
Pas du porno au musée...
"Courbet n'a cessé de revisiter le nu féminin, parfois dans une veine franchement libertine.
L'Origine du Monde, huile sur toile; H. 46 ; L. 55 cm; par Gustave Courbet © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Mais avec L'Origine du monde, il s'autorise une audace et une franchise qui donnent au tableau son pouvoir de fascination. La description quasi anatomique d'un sexe féminin n'est atténuée par aucun artifice historique ou littéraire. Grâce à la grande virtuosité de Courbet, au raffinement d'une gamme colorée ambrée, L'Origine du monde échappe cependant au statut d'image pornographique." (citation du Musée d'Orsay)
...mais censuré sur les réseaux sociaux
Mais ce qui passe pour une œuvre d'art exceptionnelle au musée, n'a pas sa place sur les réseaux sociaux. Ainsi, ce tableau d'une beauté et d'un réalisme fascinants, et qui ne laissent aucun visiteur du musée d'Orsay indifférent, est systématiquement censuré lorsqu'il apparaît sur les réseaux sociaux(!). Allez donc comprendre cette pudibonderie au 21è siècle, où le porno, accessible à toutes et tous nous montre l'anatomie féminine sans pudeur...
Les joies d'en bas - un livre à mettre entre les mains de toute femme et... homme!
Descriptif - pertinent! - de l'éditeur:
"On s’imagine tout savoir sur l’organe sexuel féminin, car il en est souvent question dans les magazines et sur Internet. Mais voilà que Les Joies d’en bas, écrit par deux futures praticiennes norvégiennes et traduit dans une trentaine de langues, dissipe enfin un ensemble de mythes ou de fausses vérités entourant le sexe. Non, on ne peut pas constater médicalement si une fille est encore vierge. Non, l’orgasme purement “vaginal” n’existe pas. Et le clitoris n’est pas un bouton magique sur lequel il suffit d’appuyer…
En faisant état des tout derniers résultats de la recherche, ce livre révèle la face cachée du clitoris, retrace la ronde des hormones qui orchestrent les menstruations, fait le tour des différents types de contraception… et met enfin le doigt sur le fameux point G.
Voici un guide réjouissant et utile du “continent noir” qui rappelle une chose essentielle : pour être fière de son sexe, il faut le connaître."
"Les joies d'en bas", Actes Sud, Questions de santé
Janvier, 2018, 448 pages; traduit du norvégien par : Céline ROMAND-MONNIER
ISBN 978-2-330-09053-1; prix indicatif : 22, 50€
Mis à jour le 20 septembre 2020
Sources: